L’œuvre Les bonheurs était en même temps une installation in situ et une performance se déployant à l’intérieur d’un local commercial au centre-ville de Sherbrooke. Observée dès la rue, l’œuvre évoquait la chaleureuse lueur d’une lanterne à l’échelle d’un espace architectural. Cette œuvre a été conçue et réalisée dans le cadre de l’événement Rivières de Lumières, du Théâtre des Petites Lanternes. Le Théâtre avait invité l’artiste à concevoir et à créer une de trois « lanternes de bonheur » : des œuvres qui guideraient le public lors d’un parcours dans la ville, à la recherche du personnage principal de l’histoire proposée dans l’événement. Rivières de Lumières rassemblait une pluralité de pratiques et de disciplines artistiques.
L’œuvre Les bonheurs est issue d’un processus relationnel que Estela López Solís a développé avec des membres de L’Association péruvienne de l’Estrie (APE). Lors de rencontres tête-à-tête, consistant à des promenades au centre-ville de Sherbrooke, à des pauses café et à de réunions virtuelles, les participants ont généreusement partagé avec l’artiste, leurs histoires de vie, leurs mémoires, leurs émotions, leurs réflexions. Dans ces discussions, ils ont cherché ensemble, ce que la notion de bonheur peut signifier. À l’aide d’un cahier de notes, l’artiste a recueilli ces pensées.
Lors des deux soirées où Rivières de Lumières a eu lieu, Estela López Solís a déployé sur les vitrines du local devenues des écrans, ces phrases recueillies portant les voix des personnes rencontrées. Elle manipulait les lettres découpées individuellement et les collait avec soin pour former une constellation sensible de mots. Pendant trois heures chaque soir, comme dans un théâtre d’ombres, Les bonheurs dévoilait les travaux que l’artiste mettait en œuvre pour créer l’installation.
Se penchant généralement sur des émotions plus sombres, comme l’angoisse, la peur ou la tristesse, avec cette œuvre, l’artiste explorait pour la première fois le thème du bonheur. Elle cherchait à échapper aux clichés autour de cette notion, qui peut facilement être banalisé. Ses entretiens avec les membres de la communauté péruvienne, lui ont permis d’observer ce que le bonheur peut signifier dans le contexte de parcours de vies singuliers. Les phrases déployées dans l’œuvre s’ancrent dans la profondeur de chaque histoire de vie racontée lors de ces rencontres.
Avec cette œuvre, Estela López Solís souhaitait dévoiler un fragment de la grande trame d’émotions de notre collectivité.
Les bonheurs, vues de la performance/installation réalisée dans le cadre de l’événement Rivières de Lumières, du Théâtre des Petites Lanternes, performance du samedi 26 septembre 2020. Photos : Patrick Beaulieu.
L’artiste remercie les participants Fernando Nolazco, Javier Melgarejo, Alejandro Cuadros Prieto, Jim Arévalo, Silvia Aldave, Giuliana Montani, María Laura Solange Acedo Pozo et très particulièrement, Oswaldo Horna Montes et l’Association péruvienne de l’Estrie.
Elle remercie également Kristelle Holliday, Angèle Séguin, Catherine Boudin, toute l’équipe de Rivières de Lumières, ses bénévoles et les artistes participants, ainsi que Patrick Beaulieu, France Gagné, Karine Kin et Technolab 164.